Torres-Hugon Vincent,
Historien du geste et anthropologue de l’histoire vivante,
Conférencier chez le voyagiste culturel CLIO.
Du geste à la science : Quand l'histoire vivante devient indispensable.
Tout comme pendant longtemps l’infanterie fut la « reine » des batailles, l’histoire militaire fut quant à elle la « reine » de l’histoire en tant que science. Dès Hérodote et Thucydide, les « pères » de l’histoire, le sujet principal annoncé de cette discipline en devenir était incontestablement la guerre, que cela soit les guerres médiques d’Hérodote :
« En présentant au public ses recherches, Hérodote d’Halicarnasse se propose de préserver de l’oubli les actions des hommes, de célébrer les grandes et merveilleuses actions des Grecs et des Barbares, et, indépendamment de toutes ces choses, de développer les motifs qui les portèrent à se faire la guerre. » [1] Introduction de : HERODOTE, L’enquête, Livres I à IV, trad. Andrée Barguet, Gallimard collection Folio, Paris, 1985
Ou la guerre du Péloponnèse de Thucydide :
« Thucydide l’Athénien a raconté les différentes péripéties de la guerre des Péloponnésiens et des Athéniens ; il s’est mis à l’œuvre dès le début de la guerre, car il prévoyait qu’elle serait importante et plus mémorable que les précédentes. Sa conjecture s’appuyait sur le fait que les deux peuples étaient arrivés au sommet de leur puissance. De plus il voyait le reste du monde grec, soit se ranger immédiatement aux côtés des uns et des autres, soit méditer de le faire. Ce fut l’ébranlement le plus considérable qui ait remué le peuple grec, une partie des Barbares, et pour ainsi dire presque tout le genre humain. » [2] Introduction de : THUCYDIDE, Histoire de la guerre du Péloponnèse, vol.1, trad. Jean Capelle, Garnier Flammarion, 1966
Par la suite l’intérêt pour l’histoire militaire comme cause essentielle des bouleversements du monde des hommes ne se démentit point, que cela soit chez les auteurs de la période romaine, tout le long de la période médiévale, à la Renaissance ou encore à la période moderne. Enfin à l’époque contemporaine, l’histoire militaire – influencée par le prisme de la pensée romantique et souvent au service d’un roman national – n’a cessé d’être au centre de l’attention qu’avec l’arrivée de l’École des Annales, mais pour un cours temps seulement. Les méthodes et sujets d’analyse sociaux, économiques, culturels, mis en avant par cette vague d’historiens prestigieux portés par March Bloch et Lucien Febvre, furent réinvestis pour analyser sous un angle nouveau l’histoire militaire (comme le fit par exemple George Duby pourtant élève de l’École des Annales avec « le dimanche de Bouvines »). L’Histoire du corps et des techniques développée dans les années 1980 ni fit pas exception et est aujourd’hui le nouveau centre des questionnements des historiens qui ne semble pas s’écarter de l’influence d’Arès au sein de leurs recherches. C’est peut-être parce que les Grecs ne s’y était pas trompés, l’histoire est parsemée de conflits aux causes et conséquences multiples qui impactèrent, impactent et impacteront toujours [3] Rappelons que chez les Grecs la guerre est un fléau du même type que les catastrophes naturelles, les maladies et autres calamités fâcheusement tombées sur Terre du fait de la désobéissante Pandore. les hommes. L’étude des conflits et sa compréhension éclairent les hommes présents des actes passés et leurs permettront d’éviter si possible les problèmes futurs [4] Nous suivons ici volontairement le courant de pensée découlant de la psychè grecque..
Les historiens ne sont pas les seuls à se passionner pour la chose militaire. En effet, un des aspects les plus significatifs et visibles de l’histoire vivante (que nous allons bientôt définir) est la part prédominante des combats au sein de cette dernière. Ce fait existe depuis les premières reconstitutions réellement importantes de la seconde moitié du XXe siècle qui portaient dans le monde anglophone sur la guerre de Sécession et sur les révoltes armées de Cromwell.
« Des mascarades qui pourraient bien étonner sinon exaspérer tout historien coutumier d’un rapport au passé bien différent ! Comment apprécier, comment comprendre ces jeux de rôle grandeur nature, ces facéties avec fraises ou vertugadins ? » [5] Maryline CRIVELLO, « Comment on revit l’Histoire. Sur les reconstitutions historiques 1976-2000 », La pensée de midi, n° 3, 2000, pp. 69-74
Cette phrase écrite en 2000 par une historienne de formation, Maryline Crivello, exprime parfaitement les rapports conflictuels qu’entretiennent l’histoire vivante et le monde scientifique. En effet souvent vues comme des mascarades, des spectacles carnavalesques où l’histoire n’est qu’un prétexte, les actions de l’histoire vivante telle que la définit Audrey Tuaillon Demesy, c’est-à-dire « une activité culturelle qui englobe à la fois la reconstitution (historique) et les Arts Martiaux Historiques Européens (AMHE) » [6] Audrey TUAILLON DEMESY, La re-création du passé : enjeux identitaires et mémoriels, approche socio-anthropologique de l’histoire vivante médiévale, Besançon, Presses universitaires de Franche-Comté, 2013, p.22, sont mal perçues par les historiens académiques.
Il suffit pourtant de regarder d’un peu plus près les exemples de « reconstitution historique » et « d’histoire vivante » cités dans le même article pour s’apercevoir qu’il s’agit en réalité d’une confusion évidente faite par l’historienne entre ce qui appartient à l’histoire vivante et ce qui n’en est pas, à savoir principalement les évocations historiques et les spectacles de grande ampleur. La finalité de ces types d’actions, à l’inverse de l’histoire vivante, n’est pas de transmettre et de développer des savoirs mais bien de développer une forme de folklorisme ou des nouveaux modèles économiques rentables, comme ceux du Puy du fou.
De l’autre côté, une méfiance existe parfois de la part des acteurs de l’histoire vivante à l’égard du monde universitaire jugé parfois comme méprisant, vieillissant et sclérosé. Ces discours opposés, souvent entendus dans la bouche des acteurs de ces deux mondes sociaux bien différents que sont l’histoire vivante et l’histoire académique, ne reflètent pourtant pas les réalités du terrain. Ainsi les « pratiquants » de l’histoire vivante basent la plupart de leurs actions sur le discours historique des scientifiques ou emploient des méthodes similaires à ces derniers pour réaliser leurs costumes ou effectuer leurs recherches sur le geste martial. Ce qui est vrai dans un sens ne l’est pas forcément dans d’autres, et si certains universitaires n’hésitent plus à mobiliser avec succès l’histoire vivante (et nous y reviendrons) il existe encore de nombreux scientifiques réfractaires à ces méthodes voire critiquant directement la validité scientifique de telles recherches.
Cette méfiance est tout à faire compréhensible, car comme nous l’avons vu avec l’exemple cité plus haut, nombre d’universitaires n’arrivent pas à distinguer « le bon grain de l’ivraie » et dans le doute s’abstiennent de toute récolte… C’est afin d’essayer de remédier à cela que nous nous donnons pour but dans cet article de tout d’abord donner quelques éléments essentiels permettant de comprendre ce qu’est l’histoire vivante ; ensuite de voir que l’expérimentation gestuelle est une méthode indubitablement utile aux sciences historiques ; et enfin qu’une collaboration plus importante entre le monde universitaire et ce milieu de passionné aboutirait (et aboutit déjà) à de nombreuses avancées scientifiques [7] Une grande partie de nos propres recherches sur le sujet seront donc ici résumées et nous invitons le lecteur curieux voulant aller plus loin à consulter ces deux travaux principaux :
– Vincent TORRES, sous la direction de Laurent Sébastien FOURNIER, Les liens entre l’histoire et les loisirs dans le monde de l’histoire vivante, étude de l’association « Somatophylaques », mémoire 1 d’anthropologie à l’université d’Aix-Marseille, 2016 (consultable directement ici : https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-01361471/document)
– Ibidem, La place du combat dans le milieu de l’histoire vivante « combattre au présent comme au passé », mémoire 2 d’anthropologie à l’université d’Aix-Marseille, 2018.
Une activité de passionné, l’histoire vivante.
Afin de comprendre de qui et de quoi on parle lorsque l’on évoque le terme d’histoire vivante, nous allons répondre à trois questions essentielles.
Qu’est-ce que l’histoire vivante ?
L’histoire vivante est pour le dire simplement un ensemble de groupes et d’associations qui par leurs activités communes et leurs buts convergeant tendent à former un nouvel ensemble social. Les recherches en sciences sociales sur le sujet sont en cours, il est donc normal que ce concept soit encore sujet à discussions. Toutefois nous pouvons, à partir des premiers grands travaux universitaires d’importance, donner plusieurs éléments la définissant. L’un des principaux travaux à ce sujet est la thèse de la sociologue Audrey Tuaillon Demesy [8] Audrey TUAILLON DEMESY, op. cit.. Selon cette dernière, deux facettes de l’histoire vivante existent et se complètent « telles les deux faces de la même pièce » [9] Ibidem. p22. D’un côté nous avons la reconstitution historique « La représentation d’une personne (ayant ou non existé), conforme à une période historique particulière. […] La démarche tend à être la plus rigoureuse possible. » [10] Ibidem. p23 et de l’autre nous avons les AMHE « Les Arts Martiaux Historiques Européens couvrent l’étude historiquement démontrée de toutes les formes d’arts martiaux ayant existé en Europe depuis l’Antiquité jusqu’aux débuts de l’histoire contemporaine. Ainsi, les AMHE s’intéressent aux situations motrices employées au combat » [11] Ibidem. p24.
Nous nous rallions à cette définition en y ajoutant trois caractéristiques propres selon nous aux groupes d’histoire vivante qui sont d’un côté l’envie d’apprendre ou de faire de la recherche, de l’autre l’action constante de transmission de savoir, et enfin la volonté globale de vivre et ressentir avec le corps des sensations attribuées (à bon escient ou non) à une période passée.
Grâce à ces deux définitions nous comprenons ce que l’histoire vivante ne peut et ne veut pas être [12] Il est d’ailleurs intéressant de se rappeler que l’identité d’un groupe se définit plus facilement en creux de ce qu’elle ne souhaite pas être.. Ainsi et malgré de nombreux amalgames elle n’est ni de l’évocation historique visant surtout une forme de folklorisme [13] Nous appelons ici « évocation historique » l’ensemble des manifestations s’inspirant de périodes historiques pour organiser des fêtes, principalement de villages, sans visées purement scientifique ou de diffusion de savoir (et visant parfois une simple mise en valeurs des commerces locaux). C’est le cas par exemple de la fête de Salon de Provence, ciblée plus haut par les propos de l’historienne Maryline Crivello. ; ni ce qu’on appelle communément les jeux de rôles Grandeur Nature (GN [14] « Rencontre entre des personnes qui, à travers le jeu de personnages, interagissent physiquement dans un monde fictif. » (Définition donnée par la fédération de GN française http://www.fedegn.org/le-gn/qu-est-ce-quele-gn ) Nous invitons le lecteur curieux de découvrir cette pratique à regarder le documentaire réalisé sur ce sujet par Sébastien Kapp en collaboration avec le CNRS, l’EHESS et l’IIAC : https://archive.org/details/Ragnarok_201602 ) aux objectifs principalement récréatifs ; ni le « béhourd » [15] « Cette pratique consistant à organiser des compétitions sportives de combats en armure, sans réelle volonté historique ou de transmission de savoir est fortement influencée par les pays de l’Est, et la Russie au premier plan. Le Béhourd, en tant que discipline trop sportivisée et éloignée de l’histoire, est loin des normes de l’histoire vivante française et ne saurait y être réintégrée alors même qu’elle provient de ce milieu. » dans Vincent TORRES, La place du combat dans le milieu de l’histoire vivante « combattre au présent comme au passé », op. cit. p.109. trop sportivisé ; ni des spectacles tels que ceux donnés au Puy du fou [16] Fondé en 1978 par Philippe de Villiers et situé en Vendée près de la ville de Cholet, le Puy-du-Fou est un parc de loisirs à thématique historique. De nombreux spectacles y sont présentés dans des décors grandioses. Avec ses 1,9 millions de visiteurs en 2015, c’est le second parc le plus visité de France, et il a reçu à plusieurs reprises le titre de meilleur parc du monde., aux buts explicitement lucratifs.
Qui sont les acteurs de cette dernière ?
Ces derniers sont pour la plupart des passionnés d’histoire cherchant une activité de loisir en rapport avec leurs intérêts intellectuels. Pour résumer assez succinctement les résultats de nos propres enquêtes sociologiques et celle d’Audrey Tuaillon Demesy les pratiquants de l’histoire vivante sont pour l’essentiel des hommes proches de la trentaine avec un niveau d’études plus haut que la moyenne nationale (65% ont un niveau égal ou supérieur à BAC+2 voire 93% dans certaines associations, contre 14% au niveau national) dont 20 à 50% sont des étudiants.
Ils entrent dans le milieu certes par intérêt culturel mais aussi (et parfois surtout !) dans un but récréatif et par une recherche de convivialité fortement marquée. En effet le loisir et la sociabilité sont deux éléments au cœur des motivations des pratiquants qui cherchent à faire correspondre leurs passions avec leurs groupes sociaux d’appartenance. De plus et comme le dit très bien l’anthropologue Laurent Sébastien Fournier :
« Les pratiques anciennes revitalisées offrent des espaces de liberté nouveaux, qui peuvent attirer des pratiquants en quête d’exotisme et d’originalité. » [17] Laurent Sébastien FOURNIER, Mêlée générale. Du jeu de soule au folk-football, Rennes, PUR, collection « Essais », 2012, p.211.
En effet l’histoire vivante semble faire partie de ces activités où l’évasion du quotidien est très aisée. Le milieu comporte en outre nombre d’artisans, d’universitaires (nous y reviendrons), de sportifs et autres spécialistes apportant un grand nombre de connaissances et de savoir-faire aux autres membres.
Quelle est leur activité ?
Les associations faisant partie du monde de l’histoire vivante voient leurs activités avoir lieu principalement en collaboration avec des musées, des sites archéologiques, des communes avec pour objectif de mettre en valeur une partie de leur patrimoine historique, ou encore des universités (quand ce ne sont pas de simples regroupements internes qualifiés dans le milieu de « off » ou de « weekends d’entrainements »). Les fêtes à évocation historique lors de fêtes marchandes ou folkloriques sont préférablement évitées [18] Audrey TUAILLON DEMESY (2013) op. cit., p106, l’auteur explique que les pratiquants de l’histoire vivante préfèrent des publics muséaux qui seront souvent plus attentifs et respectueux de leur activité..
La plupart de leurs activités tournent autour de la transmission de savoir et de la vulgarisation scientifique. En ce sens elles sont un support certain à toutes les institutions muséales, sites archéologiques et autres sites historiques afin de mettre en valeur leur patrimoine auprès d’un public généralement familial. De même elles peuvent périodiquement épauler efficacement des institutions scolaires afin de créer un intérêt culturel chez les jeunes.
Une grande partie du temps des pratiquants est en outre consacrée à la recherche et la lecture de sources historiques, à la réalisation du matériel reconstitué – surtout en reconstitution historique – ou encore à l’entrainement martial, principalement au sein des AMHE bien que de plus en plus d’associations de reconstitution appliquent de plus en plus les mêmes modes d’entrainement.
Cet ensemble d’activité crée du lien social au sein de chaque sous-groupe de l’histoire vivante et leur donne une identité propre bien souvent influencée soit par les milieux sociaux des groupes d’amis formant ces derniers soit même par la période historique travaillée et ses propres images véhiculées.
L’usage de l’expérimentation gestuelle au sein des sciences.
Mettons à présent de côté l’histoire vivante quelques instants afin de nous intéresser à l’étude du geste en histoire.
Des impasses scientifiques du fait du non renouvellement des sources
Un premier constat s’impose généralement à l’historien militaire ; tout, ou peu s’en faut, a déjà été sujet d’études approfondies. Cette base de recherches spécialisées ou de monographies est un excellent tremplin pour qui souhaite s’intéresser à l’histoire géopolitique et guerrière de notre monde mais peut parfois paraitre, comme un plafond de verre, difficile à dépasser au vu du non-renouvellement des sources historiques. Faute de nouvelles sources, l’historien n’a pas le choix, sa méthode doit évoluer et le sujet doit être abordé autrement. C’est ainsi qu’une réelle interdisciplinarité avec les méthodes de l’histoire de l’art ou de l’archéologie ont permis de grands pas dans ce domaine. Les nouvelles technologies permettant d’étudier par exemple les traces laissées sur les corps de combattants vieux de plusieurs siècles et d’autres alliances avec les sciences dites « dures » permettent elles aussi de nombreuses avancées. Mais en dehors de cela, il est ardu de ne pas faire de la simple redite, et de relever le même type de problématique sans doute déjà soulevé quelques années avant. C’était exactement la conclusion à laquelle avait abouti M. Ducrey qui, à la fin de son intervention intitulée « Du nouveau sur le combat des hoplites. Vraiment ? » au sein d’un colloque organisé par l’Académie des Inscriptions et Belles-lettres à la villa Kérylos, sur le thème de la guerre en Grèce [19] http://www.orient-mediterranee.com/spip.php?article2302&lang=fr, affirmait qu’il faudrait réussir à trouver un nouveau biais pour étudier les sources déjà présentes sous peine, dans le cas contraire, de continuer à se répéter sur le sujet. Même constat chez l’historien Adrian Keith Goldsworthy [20] Historien militaire spécialisé sur l’histoire de la Rome antique et diplômé en 1994 à l’université d’Oxford. qui à la fin d’un de ses articles [21] Adrian Keith GOLDSWORTHY, The Othismos, Myths and Heresies: The Nature of Hoplite Battle, in War in History, vol. 4, n°1, Sage Publications, 1997 traite d’un débat infini (fautes de nouvelles sources) sur la guerre hoplitique, et affirme qu’il manquerait en définitive une bonne approche pratique. Or il existe une méthode pour cela : l’expérimentation gestuelle.
L’usage de l’expérimentation au sein de l’histoire et de la préhistoire
L’expérimentation gestuelle est une méthode d’investigation permettant aux chercheurs, via l’expérience pratique, de mieux appréhender et comprendre le geste qui est au centre de l’étude. L’expérimentation gestuelle occupe aujourd’hui une place majeure au sein de l’archéologie expérimentale, méthode visant à reconstituer l’usage et le mode de fabrication d’objets issus de fouilles archéologiques, afin de mieux comprendre ces derniers qui sont au centre de leurs études. L’archéologie expérimentale y recourt depuis plusieurs années et est reconnue dans les milieux scientifiques, sous l’impulsion notamment des préhistoriens, comme par exemple les travaux d’André Leroi-Gourhani [22] André LEROI-GOURHAN, L’Homme et la matière, Paris Albin Michel, 1943 et Milieu et Techniques, Paris Albin Michel, 1945. ou de Sophie Archambault de Beaune [23] Sophie ARCHAMBAULT de BEAUNE, Pour une archéologie du geste. Broyer, moudre, piler. Des premiers chasseurs aux premiers agriculteurs, Paris, CNRS Éditions, 2000. Il n’est pas étonnant de constater que les premiers à avoir eu recours à ce type de méthodes sont des préhistoriens et anthropologues, qui du fait d’un corpus textuel inexistant et d’un corpus iconographique lacunaire, ne purent que mieux mettre en valeur par cette méthode leurs données archéologiques. Mais si en préhistoire l’expérimentation gestuelle s’est vite révélée incontournable et fort utile, les historiens eux aussi s’y sont adonnés avec succès bien que plus tardivement.
L’expérimentation gestuelle a déjà porté ses fruits par exemple pour l’histoire de la gladiature [24] Éric TEYSSIER et Brice LOPEZ, Gladiateurs. Des sources à l’expérimentation, Paris, éd. Errance, 2005, cet ouvrage a réellement transformé notre approche scientifique sur la gladiature, en mettant en avant l’aspect sportif de la discipline. ou celle du combat chevaleresque à la fin du Moyen Age [25] L’art chevaleresque du combat. Le maniement des armes à travers les livres de combat, XIVe-XVIe siècle, Neuchâtel, Alphil Presses Universitaires Suisses, 2013, dans lequel M. JACQUET a fait reproduire une armure complète médiévale dans un but strictement scientifique, et a permis une réelle exploitation des sources médiévales spécifiques au combat en armure., elle permet souvent un renouveau des sujets étudiés et son usage au sein de notre discipline scientifique est de plus en plus mis en avant, notamment lors de colloques rassemblant un grand nombre de spécialistes du domaine de l’expérimentation [26] Voici la liste des principaux colloques dédiés spécifiquement à ce sujet au cours des cinq dernières années : « Les Arts de Mars – Théories et pratiques martiales de l’Antiquité à la Renaissance : l’apport de l’expérimentation gestuelle » tenu à Lille les 18 et 19 novembre 2014 / « L’expérimentation du geste, Méthode d’investigation des arts de grâce et de guerre du Moyen-Age à l’époque moderne » tenu à Genève en octobre 2013 / « Les arts de guerre et de grâce, XIVème–XVIIIème siècles, (http://reght.fr/travaux/motus-images-etcodification-du-mouvement-xive-xviiie-siecles ) De la codification du mouvement à sa restitution : hypothèses, expérimentations et limites » tenu à Lille en mai 2012 / « Archéologie expérimentale et histoire de la guerre : un état des lieux», tenu à Lille en décembre 2010). D’ailleurs l’importance d’employer des expériences est déjà ressentie par la plupart des historiens de la guerre en Grèce antique. Déjà M. Hanson s’appuyait sur son expérience de fermier, pour porter son discours sur l’exagération de l’importance de la guerre d’usure du territoire à l’époque grecque [27] Victor Davis HANSON, Warfare and Agriculture in Classical Greece, University of California Press, 1983 et tâtonnait dans le domaine en faisant essayer à certains de ses élèves le matériel hoplitique, mais sans réelle démarche [28] Victor Davis HANSON, Le modèle occidental de la guerre, La bataille d’infanterie dans la Grèce classique, Les belles lettres, collection Histoire, 199, p. 89. Une expérience de ses étudiants qui fut réalisée sans réelle méthodologie.. [29] Tous ceux-ci ne sont que quelques exemples au milieu de très nombreuses autres recherches. Le but n’étant pas ici d’en dresser une liste exhaustive.
L’élément souvent le plus discuté dans ces recherches est le problème de la validité de la preuve scientifique apportée par de telles démarches. En effet, de nombreux biais découlant d’une corporalité ou de normes de sécurité modernes peuvent rapidement interférer avec la recherche. De même le corps du chercheur en tant qu’objet d’étude est sujet à caution pour nombre d’historiens. Pourtant il existe une autre science où cette problématique est présente depuis le début du XXe siècle ; il s’agit de l’anthropologie.
L’observation participante en anthropologie
Pour résumer, on appelle observation participante en anthropologie la méthode consistant à s’immerger dans un milieu d’étude, à vivre avec la société étudiée en partageant au mieux possible son mode de vie et en participant à ses activités. Grâce à cela, le chercheur peut tout d’abord acquérir la confiance d’un groupe d’informateurs et surtout peut mieux percevoir les structures et normes culturelles, sociales, etc. des sujets de son étude, à travers son ressenti. Tout d’abord mis en place par Bronisław Kasper Malinowski [30] Bronislaw MALINOWSKI, Les Argonautes du Pacifique occidental, 2ème édition, Gallimard, coll. « Tel », 1989 dans ses travaux du début du XXe siècle, l’observation participante est aujourd’hui une des principales méthodes permettant à l’anthropologue de comprendre son terrain d’étude.
Evidemment cela doit se faire avec précaution, en tenant de nombreux cahiers de notes, au jour le jour et s’appuie en outre sur d’autres travaux et nombre d’entretiens. Grâce à cette méthode, les anthropologues ont pu effectuer de nombreuses recherches, notamment sur le domaine des techniques et du corps [31] Pour ne citer que quelques exemples fondamentaux :
David LE BRETON, Anthropologie du corps et de la modernité, Paris, Presses Universitaires de France, 5ème édition, 2001
André LEROI-GOURHAN, Evolution et techniques. 2 volumes, Paris, Albin Michel, 1943
Marcel MAUSS, « Texte 11, Les techniques de corps », in Techniques, technologie et civilisation, PUF, coll. « Quadrige », 2012, pp. 374-375
Kim MIN-HO, L’origine et le développement des arts martiaux : pour une anthropologie des techniques de corps, Paris, Harmattan, 1999
Loïc WACQUANT, Corps et âme. Carnets ethnographiques d’un apprenti boxeur, Marseille, Éditions Agone, 2001.
« Le chercheur emprunte le langage du groupe étudié, emprunte les inductions du groupe : c’est une objectivation qui n’oblige pas à les assumer comme vraies. L’appartenance sociale au groupe étudié devient une nécessité pour accéder à ses inductions et pour éviter de devoir soi-même en produire. Deux principes de base : les conditions de la recherche influent sur la recherche, elles constituent un des matériaux de la recherche : les problèmes rencontrés font partie de la recherche (Cf. Coulon, 1987, p 80) et le “JE” du chercheur se décrit aussi et décrit la perturbation qu’il crée. Ce n’est pas la perte de l’objectivité : simplement ici, l’observateur est l’appareil d’observation. Le “je” fait partie du contexte. Une forme de prudence qui tient lieu de rigueur scientifique. » [32] Michel VIAL, « Une méthode de recherche pour l’Ethnos », Les Sciences de l’éducation en question, cahier n° 36, Université de Provence, Département des sciences de l’éducation, Aix-Marseille, 2001, p. 136
L’administration de la preuve se fait justement dans ce cas non pas par un rejet du « JE » [33] La subjectivité étant la bête noire de l’historien, ce dernier s’échine bien souvent à l’éloigner autant que faire se peut tout en sachant que cela est impossible de le faire parfaitement., mais par son acceptation afin d’en comprendre les limites et l’inclure en juste proportion au sein de la recherche. Preuve, s’il en est besoin, que le corps du chercheur peut, dans le cadre de l’étude de la gestuelle ancienne, devenir un outil de recherche.
Une articulation indispensable
Nous résumons ainsi le processus expérimental employé lors de nos propres recherches et utilisé par nombre d’autres chercheurs et groupes d’histoire vivante que nous avons pu observer. Un bon protocole expérimental nécessite cinq phases essentielles :
- L’étude et l’analyse des sources historiques (textuelles, iconographiques, archéologiques) ainsi que la lecture attentive des thèses et hypothèses des historiens contemporains.
- La reconstitution matérielle la plus fidèle possible des pièces archéologiques pertinentes pour l’objet d’étude du protocole.
- Une phase d’expérimentation longue ne se contentant pas de simples expériences ponctuelles, mais bien d’une répétition de diverses expériences avec un entraînement régulier permettant l’acquisition d’habitudes corporelles. Ces dernières sont nécessaires à la réalisation probante d’un geste martial, et à la compréhension profonde des objets reconstitués.
- Une analyse objective des résultats des expériences afin de comprendre ce qu’elles nous démontrent et quelles en sont les limites.
- Un retour vers les sources historiques éclairées sous le nouveau jour de la pratique de l’expérimentation gestuelle et le recommencement des étapes du protocole.
Des sujets nécessitant un grand nombre de personnes
Cependant si le chercheur peut produire de nombreuses recherches, notamment dans le cadre du duel, en endossant lui-même le matériel adéquat, il ne peut que difficilement, dans le cadre de l’étude de la guerre où le combat se pense en groupe, concevoir de bons protocoles expérimentaux sans l’aide d’un grand nombre de personnes. Ainsi si les phases 1, 4 et 5 peuvent être effectuées uniquement par le chercheur, il lui est impossible de se passer d’un groupe de travail entrainé dans le cas de l’étude de la guerre. Dans des sujets d’études portant sur les manœuvres de la phalange hoplitique, la position du porteur de sarisses au sein de la phalange macédonienne, la coordination d’un manipule romaine à l’aube de notre ère, ou encore l’usage du pilum en formation serrée – pour ne citer que quelques exemples portant sur l’histoire militaire antique –, l’expérimentation gestuelle se doit d’être effectuée par un nombre important de personnes. Celles-ci doivent disposer du matériel adéquat et être aptes à former au minimum le sous ensemble militaire à la base de l’armée étudiée – une « énomotie » dans le cas grec ou une « manipule » pour la légion romaine – ou du moins de s’en approcher. Sans quoi tout ne resterait toujours que supposition et le passage de la théorie à la pratique sera d’autant plus critiquable (et à juste titre cette fois-ci).
Pour que l’expérimentation soit valide à propos de l’histoire militaire, deux points très importants sont à respecter : la conformité du matériel reconstitué (étape 2 du protocole) pour tous les « informateurs participants » [34] Nous appelons ainsi les individus participants à l’expérimentation, chacun devenant informateur pour le chercheur au même titre que lui-même qui effectue son observation participante. ainsi que la régularité des entrainements et leurs répétitions sur le temps long (étape 3). Il est intéressant de constater que les expérimentations utilisées dans les ouvrages de Victor Davis Hanson, ou encore de Walter Donlan et James Thompson [35] Walter DONLAN, James THOMPSON, « The charge at Marathon: Herodotus 6.112 », The classical Journal, vol.71, n°4, 1976, pp. 339-343, furent principalement critiquées sur le plan de la restitution des objets et sur la singularité d’une unique expérience tendant à vouloir devenir la preuve d’un fait historique. Cela n’a fait que conforter leurs opposants dans l’idée que l’expérimentation gestuelle ne pouvait pas dans ce cadre aboutir à une preuve tangible. Il faut donc éviter ces biais.
Il est toutefois très difficile pour un chercheur d’obtenir des fonds assez conséquents pour mobiliser autant de personnes sur le temps long, et produire un tel matériel hormis pour certains projets exceptionnels [36] Nous invitons à ce sujet le lecteur à s’informer sur l’incroyable projet « protis » : https://protis.hypotheses.org/ ou alors pour un seul individu [37] Daniel JACQUET, Combattre en armure à la fin du Moyen Âge et au début de la Renaissance d’après les livres de combat, Thèse de doctorat université de Genève, 2013. C’est ici que le monde de l’histoire vivante devient un allié précieux. En effet, de par leurs activités, décrites plus haut dans le présent article, les groupes d’histoire vivante mobilisent nombre de passionnés qui, s’ils sont sérieux, disposent déjà de membres entièrement équipés avec un matériel probant (c’est au chercheur de s’en assurer toutefois) pour les expérimentations. Ces groupes aiment participer à ce type d’expériences, même sur le temps long, c’est d’ailleurs parfois leur activité première [38] C’est le cas par exemple de l’association Somatophylaques qui a été conçue comme une association avant tout d’archéo-expérimentation, et en second lieu de reconstitution historique.. Il arrive qu’ils proposent eux-mêmes des hypothèses qui semblent absurdes à celui qui a étudié les sources. Pourtant ces propositions sont généralement émises pour plusieurs raisons. La première est que les participants prennent plaisir à participer à une expérience scientifique. L’action stimulante de la recherche qui n’est pas habituelle chez ceux ne travaillant pas dans ce type de domaine fait partie du plaisir que les membres peuvent ressentir au sein de cette activité. Ainsi le loisir des acteurs passe par la participation passive (en tant qu’informateur participant), mais aussi parfois active (en proposant des hypothèses) aux recherches. De fait, refuser de tester des hypothèses qui semblent absurdes à ceux qui ont étudié les sources, c’est priver les participants de ce plaisir et de ce loisir. Or les pratiquants de l’histoire vivante sont pour la plupart bénévoles. Ils effectuent donc un travail de manière gratuite (d’un point de vue économique) et volontaire. Leur « rémunération », ou devrions-nous dire le « contre-don » [39] Marcel MAUSS, op. cit. de leur participation est le plaisir qu’ils retirent à participer à la recherche.
La seconde raison qui fait que les acteurs de l’histoire vivante proposent des hypothèses est liée à la pratique. En effet, le protocole d’expérimentation est une méthode scientifique où la découverte spontanée est très présente. Ainsi il n’est pas rare qu’en tentant une expérience que l’on pensait au préalable anodine, un mouvement ou une posture que nous n’avions pas pensé étudier ou découvrir devienne une évidence aux yeux de tous, et qu’après confrontation avec les sources, cette dernière concorde à merveille et éclaire sous un nouveau jour la recherche [40] C’est ce qui relève de l’action de la sérendipité.. Or, pour que cela arrive, il faut laisser place à des expériences proposées par les acteurs du groupe, quand bien même cela ne mènerait à rien. On voit ici que l’activité de loisir et l’intervention d’« amateurs » dans le domaine de la recherche ne posent aucun problème et sont même plutôt constructives.
Ainsi le chercheur, à l’aide de cette collaboration peut obtenir un groupe de travail efficace pour son protocole expérimental. Le cout financier est grandement diminué d’autant plus que les « informateurs participants » s’y adonnent avec plaisir.
Des sujets nécessitant des spécialistes parfois travaillant dans ce domaine
Un autre des intérêts de l’histoire vivante pour l’historien est le grand nombre d’individus possédant de hautes compétences techniques dans certains savoir-faire proches des techniques anciennes. Pour certains sujets d’études le chercheur, s’il n’est pas un athlète accompli, un forgeron émérite ou un fin charpentier de marine, ne pourra seul effectuer ces expérimentations et devra recourir à des experts. Pour ne citer qu’un exemple, nous reprendrons celui de la gladiature. La collaboration – il y’a plus d’une vingtaine d’années maintenant – entre un sportif et un historien a permis la naissance d’un ouvrage majeur pour le champ de l’expérimentation gestuelle [41] Éric TEYSSIER et Brice LOPEZ, op. cit., et a abouti à la création d’un groupe de professionnels s’adonnant à l’année à des entrainements importants afin de produire des savoirs scientifiques et les diffuser au plus grand nombre dans un nouveau modèle économique que nous qualifierons de « gagnant-gagnant » [42] Nous parlons ici de la SARL Acta-archéo (http://www.acta-archeo.com/) non pas pour en faire la publicité, mais pour la citer comme un exemple d’articulation économique liée à l’expérimentation historique et sa mise en valeur. Nous pourrions en citer d’autres comme par exemple les activités effectuées à Guédelon (https://www.guedelon.fr/), mais notre sujet n’est pas ici d’en faire une liste complète..
Dans le même schéma de pensée, le milieu de l’histoire vivante, du fait de l’explosion des AMHE en son sein depuis les vingt dernières années est devenu un monde où cohabitent de nombreux combattants habitués au maniement des armes. Mobiliser leur savoir-faire dans un protocole expérimental ne peut qu’être fructueux à la fois pour le chercheur et pour le combattant visant à améliorer sa pratique sur le plan de l’historicité.
Des scientifiques issus de ce milieu
Pour finir, le développement de l’histoire vivante, en tant qu’activité de loisir en plein essor, entraine des vocations parmi nombre de pratiquants. Le milieu mobilise beaucoup d’étudiants en histoire et certains y voient alors une opportunité de mobiliser leur savoir-faire et leurs réseaux dans une démarche scientifique. N’oublions pas qu’à la base de la science, il y’a l’amour, entendons par-là la passion et l’intérêt pour une discipline. Sans cette passion originelle peu de chercheurs arriveraient à persévérer dans des recherches qui se poursuivent généralement sur un temps très long et qui demandent une grande résilience pour ne pas abandonner en chemin (d’autant plus lorsque le contexte économique n’est pas favorable et ne permet pas au chercheur de vivre pleinement de son travail). Or l’histoire vivante est composée essentiellement de passionnés ; certains commencent jeunes et développent rapidement des réflexes propres à former de bons historiens et archéologues. Ainsi de nombreux historiens militaires français d’aujourd’hui, usant d’expérimentations gestuelles, sont issus de près ou de loin du milieu de l’histoire vivante et/ou ont mobilisé ledit milieu pour faire avancer la science.
Conclusion
En conclusion, l’histoire vivante est aujourd’hui un milieu en plein essor, mobilisant un grand nombre de passionnés qui suivent pour beaucoup des voies universitaires parfois menant jusqu’au doctorat. La mobilisation de ce milieu, ne serait-ce que dans le domaine de l’histoire militaire est selon nous indispensable pour produire des expérimentations gestuelles probantes sur le plan scientifique et susceptible de faire réellement avancer les recherches dans ledit domaine d’étude (surtout lorsqu’il s’agit de comprendre des dynamiques de groupe. Mieux, cette mobilisation crée un aller-retour enrichissant pour les deux « parties » et mène à l’éclosion de nouvelles vocations qui apportent un souffle de jeunesse sur la discipline.
L’histoire vivante est en plein essor, et de nombreuses dérives apparaissent déjà : sportivisation, conflits d’intérêts politiques ou économiques, isolation de certains groupes, rejet des institutions classiques que sont les universités. Pourtant les potentiels sont immenses et déjà en action, et c’est bien à l’historien d’en prendre conscience en donnant la direction !
bibliographie
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- Walter DONLAN, James THOMPSON, « The charge at Marathon: Herodotus 6.112 », The classical Journal, vol.71, n°4, 1976, pp. 339-343
- Laurent Sébastien FOURNIER, Mêlée générale. Du jeu de soule au folk-football, Rennes, PUR, collection « Essais », 2012
- Adrian Keith GOLDSWORTHY, The Othismos, Myths and Heresies: The Nature of Hoplite Battle, in War in History, vol. 4, n°1, Sage Publications, 1997
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- Daniel JACQUET, Combattre en armure à la fin du Moyen Âge et au début de la Renaissance d’après les livres de combat, Thèse de doctorat université de Genève, 2013
- IBIDEM, L’art chevaleresque du combat. Le maniement des armes à travers les livres de combat, XIVe-XVIe siècle, Neuchâtel, Alphil Presses Universitaires Suisses, 2013
- André LEROI-GOURHAN, Evolution et techniques. 2 volumes, Paris, Albin Michel, 1943
- Bronislaw MALINOWSKI, Les Argonautes du Pacifique occidental, 2ème édition, Gallimard, coll. « Tel », 1989
- Marcel MAUSS, Essai sur le don. Forme et raison de l’échange dans les sociétés archaïques, 2ème édition, Quadrige, Presses universitaires de France, 2007
- Marcel MAUSS, « Texte 11, Les techniques de corps », in Techniques, technologie et civilisation, PUF, coll. « Quadrige », 2012, pp. 374-375
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- Éric TEYSSIER et Brice LOPEZ, Gladiateurs. Des sources à l’expérimentation, Paris, éd. Errance, 2005
- Vincent TORRES, sous la direction de Laurent Sébastien FOURNIER, Les liens entre l’histoire et les loisirs dans le monde de l’histoire vivante, étude de l’association « Somatophylaques », mémoire 1 d’anthropologie à l’université d’Aix-Marseille, 2016
- Vincent TORRES, sous la direction de Laurent Sébastien FOURNIER, La place du combat dans le milieu de l’histoire vivante « combattre au présent comme au passé », mémoire 2 d’anthropologie à l’université d’Aix-Marseille, 2018
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Sources primaires :
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Notes & Références